Maman ramassait les morceaux de pain qui restaient après les repas. Bien sûr que ces restes séchaient. Quand il y en avait assez elle le passait au hache viande pour faire une pouding au pain. C’est alors qu’elle s’est pris le petit doigt dans l’engrenage. Elle a perdu le bout de son doigt quelques centimètres sous l’ongle, elle s’est arrêtée et se tordait de douleur. Elle m’a dit cherchons le bout du doigt; enfin on l’a trouvé, il avait changé de couleur, il était blême, c’est pourquoi nous avions de la misère à le trouver. Maman ne s’est pas lamentée, elle a continué ces activités. Imaginez quand elle faisait le lavage que ça devait faire mal, les planchers se lavaient à la brosse et au caustique!
En plus des Lepage et autres, il y avait les Roussel, les enfants de tante Marie, la sœur de papa, l’aînée Jeanne enseignait à l’école du rang du nord. Les fins de semaine elle venait les passer chez nous. Elle avait avec elle sa sœur Mathilda d’une couple d’années de plus que moi. Elle était très très excitée on pourrait dire à présent qu’elle était hyper active, ma mère nous dit « Allez faire les lits ». Nous, nous exécutions et à un moment donné, Mathilde, elle, avait toujours envie de s’amuser, elle me pousse et je tombe sur le bord d’un lit qui était de bois et ça faisait affreusement mal. J’avais la clavicule cassée. Elle me dit tu dois avoir le bras démanché, ça déjà arrivé à une autre fille. Elle me prend la main et la secoue pour l’étirer. Vous pouvez vous imaginer la douleur. J’en aie été quitte pour avoir le bras en écharpe un bon bout de temps.
La vie n’a pas été toujours rose :
la maladie de Conrad j’avais alors 10 enfants
Dans la paroisse on fêtait la St-Jean-Baptiste. Les dirigeants avaient organisé un restaurant au vieux couvent et on servait des fèves au lard. J’étais serveuse et quand le dîner fut terminé je m’apprêtais à quitter quand je vois venir le cheval de mon père attelé au « boggué ». Je cours pour aller le rejoindre, j’ai fait un faux pas et je me suis déversée un pied. Je m’en suis sentie pendant dix ans, dès que je mettais le pied sur une bosse ou une roche ça me faisait mal.
Pour améliorer les terres il y avait de la vase du lac, une fois retirée des lacs des experts déposaient cette vase sur le sol, une fois séchée c’était dure comme du mastic. Un des experts était Isidore Boucher, le grand-père maternel d’un de mes gendres, soit Jean-Yves Caron. Monsieur Boucher avait un camion et charroyait cette vase sur les terres des cultivateurs. On payait le camionneur et ses hommes pour la charger. Une fois rendu chez nous c’était des jeunes étudiants qui déchargeaient le camion dont mon frère Norbert, Marcel Dastous et d’autres. Entre les voyages, il fallait bien sûr les nourrir que je leur fasse des sandwiches. Mais ce n’est pas tout ils entraient dans la maison dans leur temps libre et il y avait de la vase blanche à la grandeur de la maison. Ils en ont charroyé sur la terre à Dastous en face de chez nous, mais Ivette leur fille n’a pas eu le problème de faire salir sa maison car les hommes allaient où il y avait des sandwiches.
Pour avoir un siège aux offices il fallait payer pour pouvoir utiliser un banc à l’église. Une fois par année, il y avait une vente aux enchères et ceux qui avaient des bancs en avant de l’église, c’est-à-dire les plus proches de la Sainte Table, tenaient à les garder et devaient les payer avant l’enchère. En plus des bancs que papa avait, il a acheté une chaise pour moi. Le dimanche suivant l’enchère, je me place sur ma chaise mais c’était une chaise précédemment payée par un Sirois, dont la famille était connue sous le sobriquet de « siffleux ». Il s’est obstiné un moment et par la suite, l’aîné des Sirois se faisait un honneur d’assister à la messe à mes côtés. Il n’en manquait pas une. Dernièrement, je l’ai rencontré à un repas. Je lui ai demandé s’il se rappelait cet incident, il m’a dit : « Oui, en souriant. » Je crois qu’il en pinçait pour moi dans le temps…
Moi, j’aimais les ouvrages à l’extérieur de la maison. Je n’étais pas douée pour l’ouvrage de la maison. C’est pourquoi c’était moi qui allais traire les vaches avec papa. Maman s’occupant le matin pour le déjeuner et le soir pour le souper. On avait une vache qui ruait. J’avais bien de la misère à la traire, une fois elle rue assez fort, elle se prend une patte dans l’encolure de ma robe, elle a gigotté jusqu’au moment où ma robe s’est déchirée. Papa n’a plus voulu que je la traie.
Moi j’aimais l’ouvrage à l’extérieur de la maison. Le jardin, aller aux champs, aider aux foins, même en hiver aider mon père à battre le grain, etc.. il battait du grain avec ce que l’on appelait un pilotteux. Un cheval qui en marchant sur un tapis de bois faisait actionner la batteuse. Papa devait poser des gerbes de grains et s’occuper du cheval et moi j’étais aux boisseaux pour emplir les poches de grains et pousser la paille dans un trou. Aussi j’aimais rentrer le grain et le foin. Quand le fenil était comble, c’est moi qui avais l’ouvrage de recevoir les fourchettées de foin et les placer dans les espaces comme les coins. Imaginez sur une « tâsserie » de foin en plein été quand le soleil chauffe la couverture de la grange, les sueurs m’innondaient. J’aimais traire les vaches, donner la nourriture aux poules et faire boire les veaux. L’ouvrage de maison m’intéressait moins, l’époussetage, la vaisselle, les lits n’étaient pas mon fort. Même après mon mariage j’ai continué à aller aux champs et à l’étable. Après la traite des vaches, il fallait passer le lait au centrifuge pour en extraire la crème que l’on vendait à une coopérative qui faisait du beurre avec cette crème. Nous en gardions pour nous aussi.
Quand l’électricité a été installée chez papa ce fut tout un changement de vie, de la lumière dans toutes les chambres et même à la cave. Le lendemain il y avait un vendeur de laveuse qui est venu nous faire une démonstration, il est reparti la vente conclue et la laveuses une ‘THOR’ était à nous. Cela a facilité ma besogne vu que c’était ma tâche de faire le lavage. Maman s’occupait de la banque. Aussi nous avons eu une petite radio sur une tablette. Je prenais des romans savon tel que « Grande sœur » et beaucoup de musique, c’était agréable pendant que je m’occupais aux travaux ménagers étant donné que j’étais seule c’était quand même plaisant.
Il était coutume que l’on fasse la prière du soir en famille immédiatement après le souper, je devais avoir alors entre quatorze ou seize ans. Avant même de faire la vaisselle parce que si la prière retardait on perdait des joueurs. La famille se dispersait comme par enchantement. Après le chapelet mon père avait quelques prières spéciales par après ma mère continuait avec les siennes. C’était assez rare que nous y manquions. Un jour mon père commence le chapelet un homme rentre à la maison et comme tout nous autres il se met à genoux. Il n’était pas intéressé du tout, il avait hâte de s’en aller quand il ouvrait la bouche pour parler mon père entonnait ses prières plus fort. Après avoir passé par une panoplie de prières il commence les litanies. Ça a été très long le monsieur voulait placer son cheval dans l’étable pour la veillée. Pas loin de chez nous il avait une maison, Marie Brochu, où il se servait de la boisson et cet homme avait hâte de s’y rendre. Il fut quitte pour entendre toutes les prières il a trouvé le temps long, il ne devait pas avoir dit son chapelet avant de partir de chez lui!
Mes frères (Marc et Norbert) avaient une bicyclette. Un bon jour quand ils étaient à l’école, j’ai essayé la bicyclette de la maison au hangar car il y avait une descente à mesure que j’essayais, je réussissais à faire un peu plus loin. Maman était à la banque. Le midi elle venait dîner et apportait le rapport de la banque de la veille que je devais aller porter au bureau de poste qui dans ce temps-là se trouvait dans la maison de Marcel Croft. Le maître de poste était madame Isidore Dastous. À pied ça prenait un peu de temps. Un bon jour, je me suis hasardée d’y aller en bicyclette. J’étais nerveuse mais la deuxième fois c’était beaucoup mieux. Il faut dire que j’étais à St-Gabriel la seule fille qui faisait de la bicyclette, la deuxième fut une Jalbert et la première fois qu’elle a pris le chemin une auto passait à côté, elle a regardé à côté et elle a foncé sur la voiture. Elle n’a jamais remonté sur une bicyclette. J’avais un cavalier qui n’aimait pas que je fasse de la bicyclette. Plus tard, j’ai compris pourquoi encore une chose tabou, on prétendait qu’une fille faisant du « bicycle » c’était dangereux pour son hymen …
La vie n’a pas été toujours rose :
quand Constance a fréquenté le CEGEP de Rimouski et qu’elle
devait faire l’aller-retour de St-Gabriel à Rimouski tous les jours…
Un jour mon père m’envoie chez Dastous une maison du coin, maison habitée plus tard par la famille Marcel Croft et Yvette Dastous, c’est là qu’était le bureau de poste. Mon père était secrétaire de l’entreprise à Isidore Dastous, une beurrerie. Il m’envoie donc chercher des timbres, en revenant je perds l’enveloppe qui contenait les timbres et bien entendu je ne m’en rends pas compte. En arrivant près de la maison je constate mon erreur, au lieu de le dire à papa je continue mon chemin jusque chez le voisin qui était à construire une petite grange. C’est là que je m’arrête et je fais comme les garçons qui montent sur les échafauds avec les ouvriers. C’était Georges Bérubé qui était l’ouvrier. Enfin j’entre tard à la maison, piteuse. Mon père me questionne, « Et les timbres? » Entre temps, les timbres avaient été trouvés. C’était la mère de Cécile Desrosiers qui les avait trouvés et comme il en avait pas beaucoup à part papa pour utiliser autant de timbres, elle a deviné que c’était les siens.
À treize ans quand j’ai abandonné l’école, je suis restée à la maison pour aider maman. Je n’avais pas beaucoup de loisirs sauf me renfermer pour faire des choses que j’aimais comme de la lecture. Depuis longtemps je suppliais ma mère pour faire du ski. Je pouvais avoir une paire de ski d’une petite fille du voisinage. Enfin un après-midi je m’installe. C’était des skis fait maison que la fille avait eus quelques années auparavant et j’étais plus âgée qu’elle. Pensez bien que les skis étaient beaucoup trop courts. Je suis partie dans le champ arrière de la maison. Les skis enfonçaient d’un pied dans la neige, vous pensez bien que je n’ai pas été longue à revenir à la maison, fatiguée. J’ai apporté les skis et je n’en ai jamais reparlé.
J’avais un de mes cousins qui me donnait du fil à retordre, il était souvent après moi pour me serrer, me tasser dans les coins. Même quand il pouvait me jeter sur un lit, il éjaculait dans mes jupes, quel dégât, que je détestais cette senteur, il fallait que je me change de robe. Ça se passait surtout quand maman était retenue au bureau. Je n’osais crier, d’ailleurs, une fois maman l’avait surpris, il s’était jeté sur mon lit, elle m’avait dit que c’était de ma faute et d’aller me confesser. C’est pourquoi fallait que je me défende par mes propres moyens. Il se cachait pour m’attraper au passage, une fois il a même déchiré une robe. C’était une robe neuve.
J’ai été marraine de ma petite sœur Édith. J’avais alors seize ans dans le temps c’était un vrai casse-tête pour avoir une marraine avec les grosses familles, alors on désignait les aînées de la famille, Norbert était parrain. Souvent c’était les voisins, surtout quand un bébé arrivait en hiver et qu’il fallait le faire baptiser le même jour, au plus tard le lendemain. Le curé était très sévère, ne fallait pas attendre. Des fois chez moi les chemins étaient impraticables et fallait se rendre à l’église quand même.
Je trouvais certains garçons de mon goût mais je ne pouvais jamais aller leur parler dans la cour quand ils se rassemblaient avec Norbert et mon cousin Gérard Lepage qui restait chez nous parce que papa avait besoin d’aide. Ma mère me disait que ce n’était pas la place d’une fille avec les gars, mon père appelait ces petites jeunesses des « battefeu » même qu’une fois les garçons arrivent, j’étais à me balancer (une balançoire de corde qui était suspendue à un tube de fer dans la cour pour attacher les chevaux) ça n’a pas été long que ma mère m’a rappelée à la maison sans que j’ai eu le temps de leur parler. Les rares occasions que j’ai pu leur parler c’est quand ils arrivaient et qu’ils attendaient Norbert. Les amis de mes autres frères étaient trop jeunes pour m’intéresser. J’avais alors une quinzaine d’années.
Le dimanche après-midi il y avait les vêpres à l’église, j’aimais beaucoup cet office. Aussi plus tard quand on était fréquenté par un garçon on allait aux vêpres au moins sur l’aller et le retour nous n’étions pas surveillées. Étant donné que c’était au grand jour, mon père me le permettait mais les prières du soir à l’église pendant le carême ou la fête de la Ste-Vierge, de St-Joseph qui étaient en hiver alors il faisait noir mon père me défendait d’assister à ces offices. Je me demande encore quel mal on aurait pu faire en hiver partir de l’église à chez nous dans la neige et le froid.
Vers dix-huit ans j’ai suivi des cours de cuisine. Ça duré un mois, cinq jours par semaines. Je côtoyais d’autres filles de mon âge. Je me suis aperçue que j’étais aussi habile que bien d’autres je voyais la dame qui nous donnait ces cours elle commençait à sept heures, nous on arrivait à neuf heures pour terminer à midi pour nous faire déguster qu’une bouchée. « Si y avait fallu qu’elle prépare de la nourriture pur une quinzaine de personnes des travaillantes et des adolescentes elle n’y serait pas arrivée ». Par exemple, une tarte elle se prenait à sept ou huit fois avant d’avoir la bonne grandeur pour finir trop grande. Pour certaines choses j’étais plus habile qu’elle. Ça été agréable d’avoir suivi ce cours. J’ai trouvé que j’étais débrouillarde et j’apprenais bien, il y a des choses que d’autres avaient besoin de plus d’explications, c’est ce que je me suis aperçue. Il y en a qui ne comprenaient pas vite.
Quand j’étais jeune, je me suis pratiquée à tricoter et filer, c’était surtout à la cachette. Nous avions une chambre à débarras, c’est là que je me pratiquais. Quand ma mère m’interpellait pour un ouvrage quelconque, elle me demandait qu’est-ce que tu fais? Je répondais : « Rien ! » candidement. Mais bien par après j’ai compris qu’elle savait ce que je faisais. Mes marottes étaient de me cacher pour faire ces activités, ça m’a bien servie par la suite. Le reprisage de bas c’est ma mère qui m’a enseigné et je reprisais bien.
J’étais allée chez tante Philomène qui attendait un bébé. Elle avait déjà plusieurs enfants, le grand-père Drapeau n’était plus à la maison puisqu’il finissait ses jours à l’hôpital. J’étais là pour un peu d’aide et afin qu’elle ne soit pas seule quand son mari, mon oncle Auguste se rendait à Rimouski au chevet de son père. Les plus vieux de ma tante, dans le jour, étaient à l’école; je faisais donc les travaux de la maison dans la journée. C’était en 1941, j’avais alors dix-huit ans.
Il y avait chez le voisin un garçon nommé Jean-Paul Langlois, qui venait veiller mais il ne m’attirait pas, je savais que je ne serais pas longtemps chez ma tante et que j’en serais débarrassée parce qu’il était trop tannant et trop collant à mon goût. Mais ce ne fut pas le cas, une fois rendue chez moi il m’écrivait de longues lettres. Je lui répondais que je n’étais plus intéressée mais il insistait même qu’une fois, il a écrit à mon père pour me faire entendre raison. Après avoir parlementé avec moi, papa lui a répondu qu’il était inutile d’insister. Un jour il arrive par occasion. J’étais assez gênée et ce ne fut pas une longue conversation. Les gens en voiture avec qui il était venu, l’attendaient et je croyais qu’il avait compris.
Plusieurs années plus tard, lorsque je demeurais à St-Anaclet, ma tante Philomène me dit que Jean-Paul voulait me voir. J’ai eu sa visite mais je ne l’ai pas aimé davantage et il ne m’intéressait toujours pas; après avoir passé une bonne heure il n’était pas plus intéressant qu’autrefois. Il parlait de politique et faisait parti des bérets blancs. Je lui ai demandé s’il avait autre chose de plus intéressant à dire, alors il a parlé de religion puisque son fils était témoin de Jéhova. Alors je lui ai dit que je n’aimais pas ses discours et il est parti. Depuis ce temps, je n’ai plus entendu parler de lui.
Un deuxième garçon est venu me voir, c’était un beau grand, et je crois bien il m’attirait beaucoup. Il est venu me rencontrer une partie de l’été. Malheureusement, à l’automne il est parti travailler dans les chantiers. Pour occuper mes soirées d’hiver, je me rendais à la salle paroissiale où une troupe de théâtre pratiquait. C’était le moyen de l’époque pour soutenir les associations de la paroisse. Il arrivait souvent que quelqu’un organise ces séances. Depuis mon enfance, j’ai toujours entendu mon père en parler. Il y avait une troupe formée surtout de femmes, de jeunes garçons et filles de mon âge. Il faut dire que parmi les femmes présentes il y avait ma mère. J’avais la chance de jouer des rôles ce qui était plaisant comme loisir, il n’y avait pas de radio et encore moins de télévision. Il y avait une autre troupe aussi, mais celle-là composée d’hommes et l’on y réclamait la présence de mon père car on aimait sa prestation. Toute la famille y a contribué à un moment où à un autre selon les talents de chacun. C’étaient de belles réalisations et nous en étions fiers.
Parmi les garçons que j’avais la chance de côtoyer, à cause des soirées où on s’exerçait, pendant des heures et des heures, il y avait un Bélanger, et un autre, nommé Bertrand. Mon père les appelait les batte feu et n’a jamais voulu que je les reçoive à la maison. Il me disait qu’ils n’étaient pas de notre monde. Imaginez donc, ils restaient au Coin. Le Coin est la partie Est du village et les deux parties du village le Coin à l’est et le Village à l’ouest ne se voisinaient pas trop…Un, dont j’aimais la compagnie, c’était Victor Kirallah. Nous nous sommes vus pendant l’hiver et à l’arrivée de l’été il a dû partir pour des travaux de chemin, ce qu’on appelait « les Colonies d’Esprit-Saint ».
Un des cousins « germain » de papa Sylvius Roussel s’est présenté quelques fois. Lui je l’aimais depuis longtemps, il venait assez souvent chez-nous en visite. Il est probable que c’était la même chose pour lui. La journée où il m’a déclaré son sentiment ce fut la goutte qui a fait déborder le vase. Mon père s’y est opposé fortement, il était cousin et il n’était pas question que nous formions des projets ensembles. J’ai eu beaucoup de peine et pour me consoler mon père me disait que lui aussi avait aimé une cousine, et à cause de cela il avait dû mettre un terme à ses amours. Il en a été affecté car il en parlait de temps en temps.
Il y a eu Léonard Lechasseur, fils de Johnny Lechasseur. Ses sœurs aimaient venir chez-nous. Un jour, elles arrivent avec leur frère plus âgé qu’elles. Il avait apporté un sac de bonbons et a traversé toute la maison pour me donner son petit présent. La situation était assez embarrassante. Il était très gêné et moi mal à l’aise. Il a insisté pour me courtiser, ses sœurs ont même intercédé pour lui en me ventant ses qualités et son ardeur au travail. Mais pour moi le cœur n’y était pas, ça s’est terminé là.
J’allais avec Norbert mon frère au lac Pointu, il sortait avec Annette Fortin, la nièce de Conrad. C’est là que j’ai connu Conrad. J’avais comme ami Victor Kirallah qui cet été là travaillait aux travaux de chemins à Lac des Aigles. Quand il est revenu fin juillet son frère Jean-Paul projetait de se marier alors Victor m’a proposé de se marier et faire un mariage double. Mais mon père s’y est opposé parce que disait-il je n’étais pas de son rang. Il avait été au Séminaire et moi j’avais que ma quatrième année et qu’un bon cultivateur pouvait faire mon affaire d’ailleurs, j’aimais le travail du dehors, traire les vaches et c’est alors qu’à la fin d’août j’étais mariée avec Conrad donc un mois après les premières fréquentations. J’ai jamais avisé Victor et même lorsqu’on s’est revus on en a jamais reparlé. Et un mois après les noces Conrad était parti pour les chantiers de la côte nord pour ne revenir qu’après les fêtes. Je restais avec un petit garçon de douze ans, Yvon Fortin le neveu de Conrad, qu’on a engagé pour s’occuper des animaux, pendant son absence. À toutes les années on engageait toujours un jeune pour faire les besognes quand Conrad partait pour les chantiers. L’été on engageait un ou deux jeunes pour aider aux travaux de la ferme.
Je suis descendue à Rimouski pour acheter du tissu qui était de la peau de soie. J’étais descendue en « boggué » à cheval. J’ai fait faire ma robe par Élise Cloutier notre vieille voisine d’en face. J’avais une bouquetière qui était ma petite sœur Édith âgée d’environ cinq ans. Je me suis mariée à six heures du matin. Le curé était plus superstitieux que nous, il avait une funérailles le même jour, il disait : « Je vais vous marier de bonne heure pour que les mariés ne rencontrent pas le corps ».
On disait que ça porte malheur. Quand Conrad est allé magasiner pour son mariage il est allé dans une mercerie à Mont-Joli, le même marchand lui a dit qu’il avait un compte à son nom fait par ses sœurs sept ans auparavant (comment se fait-il qu’un marchand ait laissé un compte sans que Conrad ait eu connaissance de cette dette) s’il ne payait pas il ne lui vendrait rien. Mais comme après avoir payé ce compte il ne lui restait plus d’argent il s’en est retourné déçu.
La vie n’a pas été toujours rose :
quand je me suis séparée du père de mes enfants
Mon mariage fut décidé après un mois de fréquentation. Après le mariage il y eut une réception à la maison. Après nous nous sommes rendus à Luceville pour prendre le train pour Québec pour une semaine. Nous n’étions pas seuls, ma grand-mère Amanda et mon grand-père Joseph Morrisset faisaient le voyage, pour être opéré pour les yeux. Papa aussi est venu avec nous parce que nous ne connaissions pas la grande ville, il nous accompagnait, Conrad était aussi ignorant que moi c’est alors qu’il nous accompagnait dans tous nos déplacements. Nous avons été reçus à souper chez l’oncle Cyrille un soir, un autre soir chez des cousines à papa, un autre soir chez l’oncle Albert et là ce fut la catastrophe.
Ma tante Hélène nous a servi des œufs et du bacon comme Conrad était allergique aux œufs après le premier œuf il est venu blême et transpirait à grosses gouttes il a essayé de se lever ce fut impossible alors papa et l’oncle Albert l’ont pris sous les bras pour le sortir de la table. C’est alors que tante Hélène a dit : «Il fait une indigestion aiguë» elle a sorti une boîte de soda et lui a fait avaler à grandes cuillerées et de l’eau chaude. Il s’est remis un peu, sa chemise était toute trempée de sueurs. Ma tante nous a dit : «Allez sur le balcon», et comme c’était le début de septembre c’était froid il s’est mis à trembler de froid il l’avait échappé belle. On est rentré alors le souper était terminé ainsi nous sommes repartis vers l’hôtel qui était dans le Vieux-Québec. Ça dû être pénible pour Conrad, prendre les petits chars nous devions le soutenir pour marcher. C’est ainsi que j’ai failli descendre assise sur sa tombe si ça n’avait été de la vigilance de ma tante elle avait antérieurement vécu une chose semblable. Le lendemain je suis allée seule au marché voir cela, bien entendu chose nouvelle pour moi. Nous avons visité des musée, nous sommes allés au Parlement, la chambre Rouge et autres. Nous avons été à Beaupré visiter le sanctuaire, le Cyclorama et aussi au Zoo. Voilà mes péripéties du mariage.
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