On achevait notre repas, Conrad était déjà parti à l’ouvrage. Paule dans sa chaise s’étouffe. Je la prend dans mes bras, je la secoue mais rien à faire, je dis aux plus vieux : « Allez chercher votre père ». Après je la secoue la tête en bas, il ne s’était pas écoulé bien des minutes, mais j’ai trouvé le temps long, le morceau de pelure de pomme a été dégagé, elle a enfin pris son respir. C’était grand temps. Le tour des yeux, du nez et les pores de la peau était picotés de sang. Nos avons eu beaucoup de chance.
Norbert est né le 2 novembre 1955, là encore ça c’est très bien passé, il a eu pour parrain et marraine Damas Plante et Aurélie Des Rosiers.
La vie n’a pas été toujours rose :
quand deux de mes fils qui ont dévoilé leur orientation
que l’on disait pas normale
et que c’était de ma faute
Souvent nous partions vers le petit lac avec quelques sandwiches, tout heureux du petit pique-nique. Rendu au lac, on avait deux chalands assez grands. Les enfants embarquaient dans le chaland, se rendaient au milieu du lac et là ils plongeaient et c’est à qui se rendrait au bord du lac le premier à la nage. Cette fois, Lisette (la plus petite) était du nombre mais ne savait pas nager. Elle prit peur en se retrouvant toute seule sur la chaloupe, elle se jette à l’eau en courant et en criant. Elle filait si vite qu’elle n’enfonçait pas, c’est comme si elle marchait sur les eaux. C’est comme cela qu’elle est arrivée au bord du lac, presque en même temps que les autres.
La vie n’a pas été toujours rose :
quand Lisette s’est retrouvée seule
après 4 ans de cohabitation avec un homme,
fallait pas que je fasse voir que j’avais de la peine
Quand les enfants fréquentaient l’école no 8 l’institutrice fut expulsée. Je ne m’arrêterai pas sur les détails mais le bobo. C’est qu’on a voulu nous imposer une vieille madame remplaçante. Cette vieille madame disait qu’elle avait déjà enseigné mais elle n’avait de diplôme. Quand elle parlait on la comprenait à peine. Elle parlait très vite, nous avons discuté et rediscuté parce que les institutrices à pareille période étaient difficiles à trouver, c’était au mois de mai. Les commissaires ont trouvé une jeune institutrice qui était dans un autre rang et ont envoyé la vieille madame à sa place, d’ailleurs, elle n’est restée que quinze jours à l’autre école. Notre école était une grosse classe que l’on appelle à plusieurs divisions, de la première année à la sixième année. Si l’on ne nous avait pas trouvé une titulaire tous les enfants auraient été obligés de répéter leur année scolaire. Je ne me souviens plus comment j’avais d’enfants qui fréquentaient mais probablement cinq. Nous avons été chanceux de trouver une institutrice. L’école de notre rang était à environ un demi mille de chez nous, le chemin se faisait à pied.
Quand j’étais fatiguée, je mangeais trop vite. Un soir après une grosse journée j’ai fait des galettes à l’eau pour souper, beaucoup appelle ça des grands-pères. C’est des pâtes que l’on fabrique en galette molle que l’on fait cuire dans l’eau bouillante et que l’on mange avec de la mélasse ou sirop d’érable. Après avoir fait manger toute la maisonnée, je me suis mise à la table et là j’ai mangé plusieurs galettes car j’avais grand faim. Comme nous nous couchions de bonne heure, la vaisselle terminée, je n’ai pas eu le temps de digérer. Le lendemain je faisais une grosse cuite de pain c’est-à-dire plusieurs pains, mais vers onze heures au moment de mettre les pains dans les casseroles qui servaient de moules j’avais un terrible de mal de tête. Impossible de faire quoi que soit, mais heureusement que j’ai pu vomir les fameuses galettes sinon je crois que j’aurais pu paralyser.
La naissance de Yves le 17 août 1957. Yves se laissait désirer il retardait, le médecin avait sorti les forceps pensant être obligé de s’en servir, mais enfin il s’est décidé de se montrer. Il était chétif j’ai cru qu’il ne vivrait pas, il était bleu il avait peut-être manqué un peu d’air de toute façon ça n’a eu aucune répercussion même s’il n’est pas gros il a l’air d’avoir une bonne santé. Il a pour parrain Yvon Fortin et pour marraine sa sœur Huguette.
L’hiver après la naissance de Yves, nous avions alors 10 enfants, Conrad se plaignait de malaises à l’estomac, il n’avait plus de force et il passait donc une partie de ses journées couché. Il faisait un effort pour aller soigner les animaux mais revenait très fatigué. Il me disait : « Je suis certain que je fais une crise cardiaque ». Il est allé voir le Dr Leblanc et c’est ce qu’il a confirmé. Alors j’ai écrit à Aline qui était à Shefferville pour lui demander si elle connaissait un bon médecin. Plus tard, je reçois sa réponse et c’est Conrad qui l’a ouverte il me la tend il dit : « Sais-tu que ce n’est pas refusable ». Elle avait contacté un cardiologue à Montréal et Norbert, mon frère, se chargerait de le monter pour un examen. Comme Norbert n’avait pas de voiture personnelle il a eu celle d’un ami. C’était une grosse Cadillac, même l’essence était fournie. Norbert était alors vicaire de l’église des Trois-Pistoles et aussi, aumônier de l’école de l’endroit.
C’était un vendredi fallait qu’il soit de retour le samedi soir; un professeur s’est offert comme chauffeur pour le voyage, il commençait les messes le samedi, notre obligation était de monter à Trois-Pistoles de là il se chargeait de tout il n’avait pas d’autoroute dans le temps. Rendu à Montréal ils l’ont laissé à l’hôpital après examens ils ont voulu l’opéré mais Conrad a refusé. De retour à la maison son état ne s’est pas amélioré (faut dire avant que lorsque des premiers malaises ont commencé son bois de chauffage n’était pas bûché alors une journée par semaine il allait en bûcher un voyage il se traînait et réussissait à en couper en plus c’était une grosse hiver enneigée, ç’a été bien pénible pour moi aussi c’était l’inquiétude il réussissait à amener un voyage de bois le couper à l’apporter à la cave et le rentrer il fallait en faire sécher dans le fourneau parce que du bois vert et gelé on aurait pas réussi à allumer le poêle et la fournaise. Quand tout le voyage du bois était brûlé il faisait de gros efforts pour recommencer et comme le bois chauffait mal nous avons eu froid cet hiver là.
À son retour de l’hôpital, inutile de vous dire que sa santé se détériorait toujours. Je recevais 60 $ de l’aide sociale. En arrivant de Montréal il m’a dit que le médecin lui avait prescrit du gin. Quand sa bouteille était vide fallait que je lui attelle le cheval pour qu’il aille s’en chercher, il prenait cela chez Jean-Marie Plante inutile de dire que beaucoup d’argent passait pour le gin mais plus tard beaucoup plus tard il m’a avoué que ce n’était pas vrai que le médecin lui avait prescrit du gin, c’était parce qu’il avait envie d’en prendre. Nous avons passé un autre hiver, et après nous avons déménagés au village. Imaginez-vous un peu : l’hôtel était en face de notre maison et il traversait souvent se chercher un petit 10 onces, après le premier il me harcelait, il en voulait toujours plus.
Mon frère Marc avait fabriqué comme cadeaux de Noël à mes enfants de petits traîneaux peinturés rouge. Après les Fêtes, comme il tombait beaucoup de neige à ce moment-là, c’était tentant d’aller faire une glissade. Les enfants partent, ils montent sur la côte en face de la maison. Comme ils n’étaient pas expérimentés, ils ne connaissaient pas comment diriger un traîneau. Alors ils se lancent et ce fut la catastrophe. Il y avait une clôture, les enfants ont tout perdu par le choc : mitaines, bottes, casques. Y en a même un qui a perdu ses bas. Ils se sont rendus à la maison laissant tout en pleurant. C’est alors que j’ai dû aller chercher ce qu’ils avaient laissé. Heureusement sans trop de blessures ni de dégât aux traîneaux. Bien entendu, ils sont retournés glisser et ils ont vite appris comment glisser. Ce fut un vrai cadeau que ces traîneaux. En parlant de la neige, ils ont reçu des skis, avec des attaches en cuir, et reçu des patins. Enfin ils ont bien profité de la nature et des temps froids. Ce n’était pas difficile de les envoyer dehors, au contraire. À chaque automne, le matin de la première neige, en se levant ils allaient faire un tour dans la neige, pieds nus, et rentraient tellement heureux.
Quand nous avons eu une auto de type « familiale Station Wagon », c’était une voiture de seconde main. Nous avons été au lac Noir à St-Marcellin avec de quoi faire un pique-nique pour voir les régates. La journée du dimanche s’est bien passée, mais ce fut tout. Nous aurions bien aimé, les enfants et moi, renouveler l’expérience comme aller à la mer mais Conrad avait peur de faire un accident avec la voiture pleine d’enfants. C’est l’été après cette acquisition qu’il est tombé malade. Le moteur avait sauté, il a fallu la faire réparer pour ensuite la vendre. Nous n’avions pas les moyens de la garder.
Aussi nous étions bien pauvres au moment où Conrad a commencé à être malade. J’ai voulu demander de l’aide du « Bien-être social », il n’a pas voulu par orgueil mais j’ai pris l’initiative de demander des formules et de les compléter. Ensuite un inspecteur est venu. Je recevais à ce moment-là 60 $ par mois. À l’automne 1959 nous avons déménagé au village. On payait 10 $ par mois de loyer, c’est vrai que la maison était comme une grange : une pompe électrique et la toilette, c’est tout. Le deuxième étage n’était pas fini. Avec les années ce fut le chauffe-eau annexé au poêle à bois et un bain jusqu’à ce qu’Huguette gagne assez pour faire finir sa chambre.
Dans le temps que j’ai élevé ma famille si je n’avais eu d’aide, je crois que je ne serais pas passé au travers. D’abord maman venait toutes les fois que j’ai accouché, quelques fois elle passait quelques jours, des servantes étrangères j’en ai eu peu. Gisèle d’abord m’a donné un bon coup de main, mais ce fut Edèse qui m’a beaucoup aidée surtout souvent. J’ai eu de l’aide d’une autre façon de mes frères Norbert et Marc, ça adouci mes jours aussi parce qu’on était pas riche.
Ma sœur Gisèle avait une maison non occupée au village. Alors nous avons loué la maison d’abord pour se rapprocher des écoles. Il n’y avait pas encore de transport scolaire et Huguette allait à l’école du village et les autres devaient le faire bientôt. La maison du village n’était pas fini au deuxième étage C’était très froid, pas de bain, pas de chauffe-eau mais il y avait une pompe électrique et une toilette ce que nous n’avions pas au lac Pointu.
Quand Huguette a commencé à gagner de l’argent, elle a payé pour faire des cloisons pour faire des chambres et acheter un bain, aussi un chauffe-eau branché sur le poêle à bois. Ça a été long pour rendre la maison confortable. Aussi le puits était contaminé par l’essence du réservoir souterrain puisque la maison était voisine d’un garage. Nous avons eu du gaz dans l’eau pendant onze ans. Quand il faisait doux ou durant les grosses pluies du printemps, la cave ou le sous-sol se remplissait d’eau et les odeurs de pétrole étaient presque invivables. Nous devions faire bouillir l’eau avant de la consommer, mais nous avons passé au travers. C’est en 1972 que fut installé l’aqueduc ça nous a été bénéfique. Ça pris six mois avant que les tuyaux ne donnent plus le goût du gaz.
Constance est née le 23 septembre 1960. Nous étions déménagés au village Constance est la première à naître à l’hôpital elle était le plus beau bébé de la pouponnière au dire de plusieurs. Son parrain et sa marraine furent André Cloutier et Edith Roussel, c’est qu’ils s’étaient mariés ensemble la veille de sa naissance.
La naissance de Simon le 2 décembre 1961 sur la fin de ma grossesse Conrad fut bien malade pendant un mois. J’en ai eu soin, il était très exigeant. Après ce mois Germaine sa sœur est venue lui rendre visite il disait qu’il voulait mourir à la maison vu son état elle a décidé de l’hospitaliser avec l’aide de son fils Théo. Après un autre mois à l’hôpital il s’est rétabli. Je suis entrée pour accoucher le soir même qu’il était revenu à la maison. Simon aussi on disait qu’il était le plus beau de la pouponnière. Dommage qu’ils n’aient pas vu les autres. Il a eu pour parrain et marraine son frère Marc et sa Sœur Jocelyne.
J’étais allée aux vêpres. En arrivant à la maison, deux enfants étaient endormis sur le divan du salon. Je passe à la cuisine, Conrad était blême, je puis dire qu’il était vert. Je lui demande « Qu’est-ce que tu as ? » Il me dit : « Regarde dans l’évier », il y avait des linges de vaisselle pleins de sang. Il me raconte que les filles jouaient avec Simon, il est tombé sur le coin d’une chaise. Comme il saignait beaucoup Paule l’a descendu à Conrad qui était en bas. Conrad essayait d’arrêter l’hémorragie, de presser la blessure et d’attendre que ça arrête. Ça l’a épuisé, j’ai failli arriver et y trouver trois morts. Tout s’est bien terminé, j’en remercie le ciel.
Une fois rendue au village et avec un mari malade qui est toujours sur les talons alors c’est pas facile. Pour pouvoir sortir de la maison, prendre l’air et rencontrer d’autres gens, je suis devenue une dame fermière, association du village, ce qui a fait bien rire mon mari, il disait : « Il suffit que tu ne sois plus sur une ferme pour devenir fermière ». C’était environ deux réunions par mois pour enfin faire partie du conseil qui en exigeait une à deux fois par mois, de plus, aussi les expositions il faut dire que ça m’a été bénéfique. Ce n’est pas là qu’on m’a appris à travailler.
Après être rendue au village il s’est donné des cours de couture subventionnés par le gouvernement ce fut agréable ça me permettait de m’éloigner de la maison quelques heures par jour c’est vrai que fallait qu’au retour je travaille à ma besogne plus dur afin que la maisonnée ne souffre pas. Mes compagnes étaient très gentilles ça été intéressant.
Un jour alors que Huguette était au pensionnat de Mont-Joli pour l’obtention de son brevet d’enseignement, elle m’écrit qu’elle a besoin d’argent. Je m’empresse de lui en envoyer comme toujours à la hâte je lui expédie un mandat de poste qu’elle n’a jamais reçu. Comme souvent ça m’est arrivé l’adresse est incomplète et par l’estampille, les postes ont découvert d’où elle provenait. La dame préposée, madame Laurette Tremblay Gagnon, maître du bureau de poste du Coin , en face de la boutique de forge de monsieur Roy, s’est souvenue que c’était moi l’expéditrice. J’ai pu récupérer cet argent et si je me rappelle bien Huguette n’a jamais vu la couleur de cet argent. Je me souviens que maman me disait que vite et bien n’allait pas ensemble. Je suis comme cela, je me rends compte qu’à mon âge je ne changerai pas.
Jeune garçon, en jouant, il est sauté sur une canne de café qui était coupante, il s’est sectionné le talon, il saignait terriblement, il s’était accroupi sur un tapis et le tapis était plein de sang. J’étais allée aux vêpres. J’aimais les vêpres, avec mon missel, je suivais en français les psaumes. Je trouvais cela beau, ça me faisait une sortie surtout pour m’évader de la maison. Un enfant vient me rejoindre à mi-chemin pour me dire que Norbert était blessé, rendue à la maison un enfant est aller quérir le médecin. Le docteur Leblanc était très nerveux dans des cas pareils. J’ai recouvert la table d’un drap blanc. Le médecin l’a piqué pour l’engourdir mais il n’a pas attendu assez longtemps, il a commencé à coudre le talon, il a enfoncé l’aiguille jusqu’à ce que Norbert ait hurlé, c’est alors que le médecin s’est assis pour se calmer, il a laissé la plaie s’engourdir. Le lendemain matin, le médecin arrive de bonne heure pour lui administrer un vaccin antitétanique. Norbert s’est remis de cette blessure mais il a marché longtemps sur le bout du pied, la blessure paraît encore.
J’étais allée à Rimouski en autobus. À la grande place il y avait un comptoir spécialisé en fromage. J’achète un fromage OKA. Quand je suis retournée à St-Gabriel j’étais accompagnée de Cécile Desrosiers, mariée à Cyprien Charest. Il y avait dans l’autobus un vieux monsieur mal habillé venant de la ville de Luceville. Comme ça sentait mauvais, nous nous disons le bonhomme « a fait dans ses culottes », quand il fut descendu, on a prévenu d’autres passagers du fait qu’il n’était pas prudent de s’asseoir à cette place. Quand je suis descendue à mon tour j’ai constaté que c’était mon fromage qui dégageait cette odeur là !…
Après la naissance de Simon, il avait alors deux ou trois ans, ma santé s’est détériorée. Un premier séjour de vingt jours à l’hôpital de Rimouski après examens on décide d’un curetage et d’un accrochage de vessie. Le médecin n’a pas voulu me faire une hystérectomie prétendant que j’étais trop jeune et que je pourrais en avoir d’autres enfants, imaginez après douze… Revenue à la maison les hémorragies continuaient. C’est alors que j’ai décidé de contacter un médecin à Québec. J’ai eu un rendez-vous immédiatement. Je me suis rendue à Québec pour examen c’était au début de juin.
Le médecin après analyse veut me garder c’était urgent disait-il. Je ne pouvais pas à cause que les classes n’étaient pas finies. Il m’a fait promettre de me rendre immédiatement après les classes. Je m’imaginais que Paule et Renée pourraient tenir la maison après les classes mais hélas elles ont trouvé à travailler au sortir de l’école. J’étais déçue et contente aussi qu’elles avaient trouvé de l’ouvrage.
Au sortir de la salle d’examen nous nous rendons à la chambre d’hôtel que nous avions louée en arrivant à Québec de crainte que ça prenne plus d’une journée on devait reprendre le train à onze heures. On avait amené Simon il avait quatre ans. Je dis à Conrad je vais aller au mail St-Roch qui n’était pas loin pendant que tu vas garder Simon. Je suis partie une heure environ.
À mon retour les trottoirs étaient assez déserts, c’était l’heure du souper. Je vois au loin un petit gars sur le trottoir plus je m’approche plus ça ressemble à Simon. De fait c’était lui. Je lui demande qu’est-ce que tu fais ici? Il dit que son père était à une taverne et qu’il n’avait pas voulu qu’il entre, vous pensez la rage que j’ai eue là je me rendit à la chambre et j’attends Conrad. Il est arrivé à la noirceur. Je lui dis tu n’étais pas occupé quand tu t’es aperçu que Simon n’était plus là, il a répondu qu’il savait que j’étais passée et que j’avais dû le récupérer.
Après il s’est endormi c’est alors que je lui ai retiré mon billet de train qu’il avait sur lui. J’avais l’intention de le laisser seul s’il ne se réveillait pas mais à onze heures il s’est réveillé, il regarde dans sa poche il n’a qu’un billet, il me dit tu avais l’intention de ne pas me réveiller et de prendre le train sans moi. Je lui ai dit que c’était exact il m’a traité de sans cœur il se demandait ce qu’il aurait fait sans argent mais ce n’était pas mon problème, le voyage de retour fut terrible il avait réussi à se trouver six bières, à parler fort et les jérémiades, etc… Je me suis levée avec ma valise et Simon nous sommes allés le reste du trajet entre deux trains. Je ne savais pas que je pouvais changer de wagon quand tu n’as jamais voyagé c’est un voyage que je n’oublierai jamais ce fut un long voyage.
Fin juin 1966, je fus hospitalisée au Jeffrey Hale pour mon opération, une hystérectomie, six jours après, vers six heures du soir, j’ai fais une grosse hémorragie; je me suis vidée de mon sang. Par chance que je n’étais pas sur le train du retour parce que je voyageais par train de Québec à Rimouski. J’y aurais laissé ma peau. Le bon Dieu m’a protégée je ne pouvais partir pour un monde meilleur avec toute la famille que j’avais derrière moi on m’a remontée à la salle d’opération le médecin m’a dit qu’une veine principale avait cédé. Il a fallu beaucoup de sang pour me maintenir en vie. J’ai séjourné à l’hôpital une autre semaine. Ensuite le médecin n’a pas voulu que je retourne chez moi, que j’étais trop fragile c’est alors que je suis allée chez oncle Cyrille Morrissette et Marie-Anne, ma tante, pour une semaine.
Imaginez au sortir de l’hôpital j’étais très faible comme je couchais sur le divan, dans le salon, le divan se fermait le jour. Que j’aurais aimé me coucher le jour mais ma tante ne pensait pas de me l’offrir et moi j’étais trop gênée de lui demander et le soir mon oncle prenait la télévision très tard. Après cette semaine de martyre je suis allée une semaine chez mon oncle Albert Morrissette. Là, ma tante Lucie était plus prévenante elle me faisait coucher après dîner, elle me demandait souvent si je fatiguais et que je pouvais aller m’étendre. J’ai été bien soignée, j’ai repris des forces et après examen le médecin m’a autorisée à retourner à St-Gabriel mais de faire bien attention avec la recommandation de revenir à Québec toutes les trois semaines. Il m’a dit que c’était concernant mon col de l’utérus que c’était cancéreux mon affaire. Je me suis choquée et j’ai pleuré. Je lui ai dit que s’il me l’avait dit avant que je ne m’aurais pas fait opérée. Avec une recommandation de ne pas avoir de relations avant trois mois mais hélas allez-y donc voir. Je faisais une hémorragie toutes les fois. Aussi quand j’ai fait cet hémorragie j’avais la visite de l’oncle Albert fin comme tout il a attendu que je sois revenue de la salle d’opération il était très tard il me demande s’il doit avertir à St-Gabriel. Je lui dis que non que le pire était passé mais vue le dégât de sang et mon teint qui ne lui disait rien de bon, il a appelé chez papa le dimanche à la maison ça faisait une couple de personnes qui venaient et s’informaient.
Voilà la vérité quand Conrad a décidé de monter à Québec les enfants n’étaient pas à la maison quand ils ont été de retour il était tard ils devaient prendre le tain à Luceville à six heures pour être à Québec vers une heure de l’après-midi. Pour ne pas oublier l’heure ils ne se sont pas couchés ils sont restés à jaser à un moment donné Marc-André et Conrad se sont endormis. Papa chez lui attendait quand il a vu qu’ils retardaient il s’est rendu à la maison pour les trouver endormis. Voilà pourquoi que Conrad n’avait pas eu le temps de se faire la barbe et de déjeuner, mais sans leur dire ce qui était passé. Mes enfants avaient eu de mes nouvelles assez pour leur mettre la puce à l’oreille, Conrad n’y était pas. À leur demande mes parents leurs ont dit ce qui s’était passé, c’est alors que Marc-André, Alain et les autres sont partis à la recherche de leur père.
Ils l’ont trouvé au dépotoir assis sur une caisse de bière à boire avec Adrien Caron. Là Conrad veut monter me voir mais maman dit à papa de ne pas le laisser aller seul il n’est pas en état. De fait papa et Conrad arrivent à Québec quel choc pour moi Conrad les yeux hagards, la barbe longue. J’aurais aimé mieux ne pas le voir mais il a dit qu’il se sentait mal qu’il fallait qu’il sorte il n’est pas resté longtemps mais la vérité était tout autre. Il est revenu le soir avant de reprendre le train. Mon père s’est approché de moi et il m’a dit ça n’était pas mon état qui l’avait impressionné mais qu’il avait soif, il n’avait pas assez d’argent pour aller au bar du train parce que c’était très cher pour une bière. Aussi à Ste-Foy les bars dans ce temps-là n’étaient pas visibles et s’en est résulté qu’il est resté sur sa soif (qu’il a dû souffrir…).
Pendant mon séjour à Québec j’appelais chez moi ils me disaient que ça se passait bien. Mais hélas ce n’était pas le cas. Le chèque que je devais avoir pendant ce temps il l’a changé pour boire après il me disait qu’il fallait qu’il mange mais j’ai constaté qu’il n’avait rien payé. Aucune nourriture. Le compte de crédit à la coopérative avait grimpé d’une façon plus qu’à l’ordinaire puis autre chose aussi c’est alors quand je montais toutes les trois semaines il ne m’accompagnait pas à cause du premier voyage avec Simon, ça le choquait. Conrad disait que c’était pour mon plaisir. On me brûlait à l’ultraviolet, ça ne faisait pas mal mais me donnait une grande fatigue enfin après une année le médecin m’a dit qu’il était venu à bout de mon cancer que j’étais guérie ce n’était pas une sinécure quand j’arrivais il me fallait deux semaines pour me reposer du voyage et la troisième semaine pour me faire à l’idée de remonter mais ces fois ce fut un enfant qui m’accompagnait. Je ne montais pas seule. Il n’avait pas grand plaisir sauf prendre le train pour Québec, nous débarquions à la traverse de Lévis et on prenait l’autobus pour Ste-Foy. Nous arrivions juste pour mon traitement et examen ensuite on allait manger une soupe dans un restaurant on repartait vers Lévis pour l’embarquement vers quatre heures et à Luceville à onze heures.
Le médecin me recommande de voir un cardiologue que j’avais un souffle au cœur ce n’est que plus tard que j’ai demandé un rendez-vous à l’hôpital Laval. Le cardiologue m’a tout de suite référée pensant que c’était un goitre. Je suis restée vingt et un jours à l’hôpital. Pendant ces vingt et un jours j’ai passé toutes sortes d’examens comme j’avais déjà rejeté un bout de ver solitaire on m’a donné un traitement que s’il en reste encore je vais l’envoyer. On a commencé à me donner des capsules de chloroforme toutes les quinze minutes suivi de beaucoup de liquide jusqu’à onze heures de l’avant-midi. À l’hôpital j’étais à la section où les médecins étaient avec toute une équipe d’étudiants. À tous les instants ils venaient une couple d’étudiants me demandant si j’avais envoyé un ver. Mais toujours rien vers six heures les autres patientes mes voisines avaient souper c’est alors que je l’ai envoyé ce fameux ver quand il est venu je l’ai dit aux étudiants que c’était fait, ils ont couru au poste pour voir cela, le maître médecin a dit : «Ha! ces jeunes ça n’a pas vu grand chose». J’ai dû monter une autre fois pour des examens approfondis de la glande thyroïde. Lisette, ma fille, était avec moi j’ai été deux jours et j’ai logé chez l’oncle Cyrille.
Pour vous offrir une expérience optimale sur notre site, nous recourons à des technologies comme les témoins (cookies) et les analyses de navigation. En interagissant et en poursuivant votre navigation sur notre site, vous consentez à l'utilisation de ces technologies conformément à notre Politique de confidentialité.