Quand enfin je suis revenue à la maison j’étais faible et continuais de perdre du sang, les premiers quinze jours ça bien été, Conrad me servait, me donnait à manger mais quand il avait un ouvrage à faire fallait que je paie 2.00$ pour trois bières. Imaginez-vous que j’avais eu des cadeaux en argent de maman, de mes sœurs et de mon frère Norbert alors tant qu’il y a eu des sous ça marchait mais quand je n’ai pas eu d’argent pour la bière il ne voulait plus rien faire. Il a fallu que je reprenne le collier j’étais assez faible, c’est de cette façon que j’ai fait ma convalescence. Yves a été bien vaillant à l’époque il faisait le souper et lavait la vaisselle et passait le balais. Comme Paule et Renée-Aline avaient trouvé de l’ouvrage à Rimouski, en sortant de l’école toutes les fins de semaine elles mettaient de l’ordre dans la maison, pauvres petites filles elles ont été vaillantes.
On avait envoyé mes résultats au Dr Jalbert cardiologue à Rimouski il s’est passé quelques années et Jalbert m’envoie encore à Laval pour un cathétérisme c’était en mars 1984. J’avais soixante ans et mon état de santé se détériore toujours changement de médicaments et des fois ce n’était pas mieux. J’ai autre chose au cœur je faisais de l’arythmie. Ma fille Lisette me prend un rendez-vous avec le Dr Philippon. C’est Lisette qui me conduit pour ces examens au début de décembre 94. Une nouvelle technique pour les arythmies il me fait passer un électrocardiogramme. Je vois un autre cardiologue Claude Vandal elle m’envoie voir un pneumologue pour trois examens des poumons, des bronches et radiographie Pierre Leblanc et le jeudi c’est un examen nucléaire avec thallium. Je redescends chez moi mais on me redemande c’était le médecin Bernier mercredi le 20 décembre pour voir un médecin pour le foie. Je vois le Dr St-Georges un gastro-entérologue le 20 décembre 94 voilà maintenant je vais clopin-clopant entre une crise du foie, un arythmie ou une crise d’angine et il faut que je vive avec.
Maman était hospitalisée pour une opération bénigne elle avait des bosses sur le corps. Le dimanche, je descends à Rimouski pour la voir, c’était la fête des mères le 15 mai 1970. Je suis revenue chez moi. Le lendemain Marc, mon frère, et papa se rendaient à l’hôpital pour voir maman au sortir de la salle d’opération on m’a offert de descendre avec eux, ce qui a bien fâché Conrad parce que je suis allée voir ma mère deux fois…mais à l’hôpital l’opération allait mal. On ne nous disait pas ce qu’il en retournait.
Vers six heures, papa et Marc décident de remonter à St-Gabriel durant la veillée Germaine m’appelle pour me dire que c’était fini. J’ai alors cru que tout allait bien mais elle m’a dit qu’elle était décédée. J’en ai éprouvé beaucoup de peine. J’étais dans mon coin bien penaude la télévision ouverte à un moment donné Conrad me dit tu as bien l’air bête. Je lui dis que maman est décédée, il a pris cela pour une farce et a ri de moi mais les enfants m’ont demandé si c’était vrai. Je leur ai dit hélas c’était vrai elle avait que soixante-neuf ans.
Après le service, on s’est rendu chez mon frère Marc pour une réception traditionnelle Conrad et l’oncle Auguste prenaient du gin pendant que nous parlions des derniers faits. À un moment donné Conrad me dit qu’il est malade, alors je laisse la famille et je m’en vais chez nous avec Conrad. Ma famille téléphonait et demandait si Conrad allait mourir pensant que c’était le choc de la mort de ma mère qu’il ne supportait pas mais c’était qu’il avait pris trop de boisson et en était malade.
Après que Paule et Renée-Aline ont eu fait leur primaire il fallait qu’elles s’orientent vers les grandes écoles. Paule continuera au Paul-Hubert de Rimouski en secrétariat; Renée-Aline a fait application pour faire un cours en esthétique. Elle fut acceptée à Québec. Il fallait qu’elle parte pour la grande ville et il fallait qu’elle se trouve un logement pas trop loin de l’institut. Alors son père monte avec elle à Québec. Après bien des chambres visitées ils ont décidé de revenir chez nous, son père Conrad lui a dit ce n’est pas utile de continuer tes études parce que tu vas te marier, en attendant tu n’as qu’à t’engager comme servante. Ce n’était pas l’idée de Renée, elle a été s’inscrire elle aussi au Paul-Hubert mais il fallait la signature du chef de famille pour être acceptée mais Conrad n’a pas voulu signer les documents pour la même raison il était inutile qu’elle se fasse instruire alors j’ai pris la décision de signer leurs documents, elle fut acceptée. J’ai bien fait parce que Renée et Paule ont toujours travaillé depuis ce temps.
Mon premier voyage à Sept-Îles bien sur il y a eu la traversée c’était en automne et la mer était en furie. C’était sur le Jean Brillant, un bateau qui tanguait même sur une mer calme. J’étais avec mon frère Marc et sa famille, tout le monde était malade sauf moi. Mais j’ai trouvé que les tangages se succédaient comme de vrai glissades. Je me disais ça devrait être beau en hiver avec une traîne sauvage. Après être rendus nous avons séjourné chez ma sœur Lisette et son mari Arthur. Une fois couchée, dès que je fermais les yeux j’avais le roulis du bateau. J’ai visité Edith et Irené, je ne me souviens pas du retour sauf que c’était sur le Père Nouvel, un plus gros bateau.
Après la naissance de Guillaume j’étais chez Paule pour lui donner un coup de main, Maxime et Alexandre étaient bien jeunes. Pour ne pas déranger Paule je partais avec les deux garçons dans la brouette que je tirais. C’était chacun leur tour de se faire traîner, ils apportaient aussi leur tricycles. Rendu à la montée d’une maison qui était longue et avec une belle pente Guillaume décide de se lâcher dans la descente. Je n’ai pas eu le temps de l’arrêter il dévalait déjà la montée à toute vitesse. Je voyais le fleuve immédiatement à l’arrière de la maison, s’il faut qu’il tombe dans le fleuve, mon cœur n’a fait qu’un tour. Mais par bonheur il est entré de plein fouet dans la porte du garage. Je n’étais pas rassurée pour autant, ça ne faisait pas longtemps qu’une auto lui avait passé sur le crâne. Depuis ce temps je veux aller à la même place voir si le fleuve est bien proche de la maison. Il faudra bien qu’un jour j’y aille pour me rassurer tout à fait.
Conrad n’a jamais aimé Guy. Quand il est sorti de Gagnon avec sa famille il est venu resté à St-Gabriel à quelques maisons de chez nous. Huguette venait avec Gilbert tous les jours, Huguette qui avait été très bonne pour nous. Guy, la maison lui a été interdite, Conrad avait sorti un fusil parce que Marc-André avait laissé ses fusils à la maison, qu’il le tuerait s’il franchissait le seuil de la porte. Alors j’ai caché le chien du fusil et aussi les balles mais il avait une hache à la portée de la main que c’était dangereux pour moi de la cacher. Ça été l’enfer il lui a même envoyé une lettre d’avocat de ne pas venir à la maison. Gilbert tout petit un jour il s’en va pour se faire bercer mais il lui a donner une poussée en lui disant de s’en aller, pauvre petit, ça m’a fait gros mal au cœur.
Alain était allé travailler au Labrador pour le père Théodore Roussel. En plein hiver il arrive à la maison à St-Gabriel, en le voyant la figure paralysée, l’œil descendu et la bouche de travers, c’est une douleur qui m’a traversée, ça n’est pas imaginable. Alain avait pris un courant d’air froid dans un camion où il fallait qu’il sorte la tête par la vitre de la porte pour voir en avant, il a été quelques temps à Rimouski. Il demeurait chez Jojo et allait prendre des traitements à l’hôpital; il me disait dernièrement qu’il en avait gardé des séquelles.
Voilà la grosse affaire. Le centenaire de la paroisse de St-Gabriel. Ça a commencé par des réunions de toutes sortes, les associations avec et sans le curé on a même changé de curé parce que celui qui était en poste était malade et ne se sentait pas la force d’entreprendre une telle organisation. Chacun a soumis son idée et c’était parti, mais pour faire un beau centenaire fallait rénover la paroisse, chaque maison, les parterres, le cimetière, l’extérieur de l’église. Enfin c’était propre et beau partout. Ce fut à chacun de décider ce qu’il avait à faire. Les fermières ont monté une exposition et en plus un char allégorique. Il y avait de tout sur ce char : filage, cardage, tissage, tricotage et c’est le jour de la parade.
St-Gabriel n’avait pas beaucoup de restaurants dans le temps et il fallait penser à donner à manger aux visiteurs. Quelques femmes et moi, nous avons convenu d’ouvrir un restaurant. La bâtisse de la patinoire étant libre en été c’est là qu’on installa le restaurant. Le temps était compté à notre petit restaurant, j’étais tellement fatiguée après le centenaire j’avais un mal au dos et maintenant quand j’ai mal dans le dos je me sens comme au centenaire. On avait au menu des mets canadiens et toujours comme desserts, la bonne et fameuse tranche de pain de ménage avec crème et sucre d’érable. C’est moi qui fournissais le pain. J’ai boulangé tous les jours du centenaire, quinze à dix-huit gros pains par jours, en plus les enfants en vendaient à une installation près du chemin. J’ai cuit quatre sacs de farine de cent livres chacun. Le poêle n’avait pas le temps de refroidir, la dernière journée mon poêle est tombé en panne, tous les fils étaient brûlés. Il fallait aussi donner à manger à mes enfants en plus. Il y avait aussi des soupers aux cipailles à la salle paroissiale. Pour les cipailles quelques femmes étaient désignées pour les compléter on avait à trancher la viande et les patates il restait à faire les pâtes et j’ai été responsable un matin pour cette tâche. J’ai aidé ce matin là à faire douze gros chaudrons, plusieurs avaient dix-huit pouces et vingt pouces, un autre prenait ces fameux chaudrons pour les distribuer à des dames qui les faisaient cuire dans leur four pour enfin les reprendre à l’heure du souper. On nous a dit que pas un n’a été manqué. Le temps du centenaire la plus grosse partie du monde allait à ces soupers au Centre Polyvalent. Les dames qui servaient les soupers nous ont dit que tous les cipailles étaient bons. Il y avait notre organisation de restaurant c’était minime à côté des repas qui se donnaient à la salle paroissiale.
À la porte du restaurant une dame faisait du savon ce qui attirait beaucoup de monde. Il fallait en plus consacrer du temps pour pratiquer les chants du concert en préparation, jusqu’au jour J. Le fameux concert qui fut un succès, c’était ma sœur Marcelle qui dirigeait la chorale et elle s’est donnée corps et âme. À cause de mes activités nombreuses j’ai manqué plusieurs spectacles quand j’étais prise à cuisiner où à faire manger ma famille. Mon fils Marc-André avait organisé un char allégorique représentant un chasseur dans les bois autour d’un feu et des bêtes tuées. Il était habillé à l’indienne, gros casque de fourrure et il a eu chaud parce que ça été une belle journée chaude et ensoleillée. Comme toute fête il se trouve des contrariétés j’avais à faire pour notre restaurant (on nous l’avait demandé) du « chiard de goélette » c’est des patates en cubes et du lard rôti assaisonnés et cuits. J’avais demandé à Conrad de me préparer le fameux chaudron et rôtir les cubes de lard, mais il a oublié quand je fus arrivée pour faire ce plat ça a pris plus de temps.
Lorsque Constance allait à la polyvalente de Mont-Joli il y a eu un concours : trouver un nom pour le café étudiant. Elle a proposé « Le Nœud » pour indiquer un endroit où l’on peut nouer des amitiés. Elle a gagné et le prix fut un billet d’avion pour aller n’importe où au Québec. Constance choisit Schefferville parce que sa sœur Lisette y travaillait comme infirmière. Le prix était pour deux personnes, c’est pourquoi j’ai fait le voyage aussi, c’était la période de Noël et beaucoup d’infirmières étaient en vacances. Lisette avait sa chambre à l’hôpital. Nous avons donc eu la chance d’avoir des chambres nous aussi. Nous avons été reçues par les amies de Lisette. La visite de la ville ce fut agréable, de bons repas au restaurant, donc un très beau voyage.
Comme les enfants savaient nager après avoir entendu parler qu’il se donnait des cours à Mont-Joli, après information, je décide donc d’y aller. C’est Ti-Rose Dubé Plante notre voisine d’en face (Hôtel Plante) qui m’a demandé si ça m’intéressait de l’accompagner (automne 73). Certains disaient que je ne serais pas capable de nager, que j’allais couler, etc. Mais j’étais déterminée même que dans mon énervement j’oubliai mon maillot pour le premier cours. Mais ça m’a été bénéfique car on m’a permis de regarder, alors j’ai bien appris la leçon et au deuxième cours je flottais, plus tard j’ai obtenu ma badge marron. Quand je suis déterminée à quelque chose, je réussis.
Pour fréquenter le CEGEP de Rimouski Constance prit un logement à trois. Avec ses colocataires ça n’a pas bien marché. Elle a voyagé de Rimouski à St-Gabriel matin et soir ce fut dur pour elle les autobus d’écoliers étaient froids, elle était gelée quand elle arrivait à la maison. Quand elle avait ses menstruations elle perdait connaissance elle était quelques jours sans se rendre à ses cours. Certains soirs elle était tellement gelée qu’elle ne pouvait dormir alors j’allais me coucher avec elle pour la réchauffer après qu’elle était endormie je reprenais mon lit, ce fut une année dure pour elle et de l’inquiétude pour moi.
Simon fréquentait la polyvalente de Mont-Joli. Comme l’année scolaire arrivait à la fin il a eu une proposition très alléchante. Un professeur voulait l’emmener à Vancouver pour ne pas être seul, avoir un compagnon de voyage ça aurait été aux frais du professeur. Simon me demandait ce que j’en pensais. Je vais réfléchir il me demandait tous les jours le résultat de mes réflexions pour me dire qu’il avait besoin aussi d’un chauffeur mais comme il n’avait pas de permis de conduire que je n’avais pas les moyens de lui payer ce cours je lui ai dit que c’était inutile d’y penser. Le professeur défrayait même le cours de conduite le permis et tout. J’ai trouvé qu’il en mettait trop. J’ai eu la puce à l’oreille. Je dis à Simon que je vais prendre des références. Je contacte un prof que je connaissais qui me confie que le dit professeur n’était pas très recommandable ce que je dis à Simon il me répond que celui à qui j’ai pris des références c’était une mémère alors je contacte le curé de Mont-Joli il me dit qu’il ne pouvait rien divulguer sans atteindre à sa réputation. Ce n’était pas assez pour Simon j’ai appelé la police encore la même réponse que le curé laissait un petit doute. Je ne pouvais pas voir à qui je devais m’adresser c’est alors que j’ai pensé au directeur de la polyvalente il me dit comme les autres mais il savait qu’il s’entourait de jeunes garçons qu’il avait un chalet à Ste-Flavie qu’il amenait toujours des petits gars soit disant pour faire du ménage au chalet et faire gagner des sous aux enfants mais il ajoute j’ai un garçon de l’âge à Simon je ne laisserais pas aller avec lui. De son côté Simon a pris des références et le sujet a été clos, il n’en a jamais reparlé.
Une autre fois il m’arrive il veut aller en Floride il avait des petits amis pas très recommandables qui voulaient voyager en gang mais là mes arguments n’étaient plus valables aux yeux de Simon. Ça pris du temps mais j’ai été chanceuse la vieille voiture avec laquelle ils devaient voyager, le moteur a sauté. Bien attendu ce fut la fin pour ce voyage j’ai été soulagée. J’avais été inquiète un bon bout de temps.
Pour apporter à la maison un peu d’argent j’ai fait des ménages j’arrivais tellement fatiguée. Restaient encore à la maison deux enfants : Constance et Simon. Je me suis permise d’aller travailler en ville je ne gagnais pas cher 45$ par semaine payer mes passages par autobus de Rimouski à St-Gabriel. Je revenais à la maison le samedi et le dimanche il ne fallait pas que j’arrête de faire à manger pour au moins une couple de jours, le lavage et le reprisage il y avait toujours une fermeture éclair de brisée, etc. etc… Ça duré environ six mois ensuite Jojo a été hospitalisée j’ai laissé Rimouski pour Matane. Viateur a été bon de me voyager toutes les fins de semaine pour voir à la maisonnée.
Un fait que je ne puis passer sous silence. Comme papa qui était notre voisin était malade Germaine la femme de mon frère Marc m’appelle : « Viens donc voir ton père il est malade ». J’y vais avec Constance en arrivant mon père dormait. Je jase avec ma belle-sœur et une bonne heure s’écoule comme mon père se reposait je retourne chez moi mais en arrivant la porte est barrée. Constance pleure. Je dis à Constance va à la porte arrière elle revient et pleure de plus en plus. Je débarre en douce la porte avant. J’avais eu la précaution d’apporter une clef (ça faisait longtemps que mon mari me menaçait de me faire coucher dehors). J’entre et je lui dis tu pensais l’avoir barrée mais tu l’as débarrée. Le lendemain c’était drôle de le voir essayer la barrure de la porte. Après ma clef est disparue il en a conclu que j’avais la clef. Plusieurs fois il m’a fait le coup. Je réussissais toujours par déjouer ses stratégies même entrer par un châssis il fallait que je fasse de l’acrobatie pour entrer par le châssis de la cave ou débarrer une porte avec une pince à cheveux.
Je ne voulais pas parler de cela mais comme c’est ma vie et que j’ai subi voilà. Quand Conrad a fait des infarctus, après qu’il était revenu de Montréal pour des examens il est revenu en me disant que le médecin lui avait conseiller du gin, boisson coûteuse dans un ménage qui n’a plus de personne pour apporter de l’argent à la maison et cela a continué, il prenait beaucoup de boisson et il m’a dit que ce n’était pas vrai après plusieurs années, c’est qu’il avait envie de boire.
Quand j’ai eu mon hystérectomie, quand je suis arrivée à la maison, il m’a dit qu’il avait changé le chèque que je recevais du bien-être social. Pour vous dire que l’argent ne se traînait pas dans les tiroirs. Conrad avait changé le chèque pour, soit disant qu’il mange. J’ai réalisé que Conrad avait utilisé cet argent pour boire et le compte à l’épicerie avait grimpé en flèche ça m’a pris plusieurs mois pour rejoindre les deux bouts. Quand enfin il a eu 65 ans je croyais que nous pourrions vivre un peu plus à l’aise mais ce ne fut pas le cas avant de recevoir le chèque de la sécurité de la vieillesse il m’avait promis qu’il paierait l’assurance, les taxes et l’huile à chauffage mais il n’en est rien été, il n’a pas tenu parole, le premier mois il a dit « Je vais me rincer le derrière de la cravate », il a fait de même pour le deuxième et les autres chèques qu’il dépensait en boisson entre dix et douze jours. Un jour la Caisse m’appelle parce que l’hypothèque n’avait pas été payée depuis trois mois. C’est alors que j’ai demandé d’attendre que je paierais et ce fut fait.
Ce ne fut pas facile car personne ne me disait comment m’y prendre. On ne pouvait me faire vivre si je ne demandais pas le divorce (une autre mauvaise loi). Alors ce qui fut fait. Je suis certaine qu’il a été heureux quand il s’est trouvé seul avec l’âge tout le fatiguait, les enfants, mes activités dans la maison comme la journée du lavage il était comme un lion en cage. Quand je sortais la machine à coudre c’était la même chose.
La boisson qu’il prenait nous rendait la vie insupportable. Pour le top de ma déception étant donné que mon mari avait la sécurité de la vieillesse on m’octroyait que 185 $ par mois. Je devais vivre avec la pension de mon mari. C’est alors que j’ai demandé la séparation.
Quand je sortais il barrait la porte pour que je ne puisse rentrer. Il est aussi devenu très violent à ce moment-là il ne restait plus que Constance et Simon avec moi. À Constance et moi il nous rouait de coups faisait chantage. Le pire c’était que plusieurs ivrognes venaient boire avec lui. Ils arrivaient avec de la boisson fallait les endurer ils arrivaient à toute heure de la nuit, parlaient fort, blasphémaient et réveillaient toute la maisonnée.
Ça été très dur, nous avons enduré plusieurs années jusqu’au moment où l’un des ivrognes a dit dans un bar qu’il venait coucher avec moi et Conrad riait trouvait ça drôle c’est alors que j’ai mis fin à ces visites nocturnes. Je disais à Conrad tu acceptes cela qu’ils disent ces choses sur moi, il répondait que c’était drôle, bien sûr c’était des personnes qui le faisait boire, ça faisait son affaire.
Aussi, j’ai fait partie de la chorale paroissiale. Nous avions à pratiquer des chants une fois par semaine. Nous chantions aux funérailles, aux mariages, aux messes du dimanche ça faisait beaucoup d’activités. J’ai même fait partie du conseil comme toute bonne association il faut un conseil. Notre chorale s’appelait l’Écho des montagnes et on faisait partie de L’Alliance des chorales, ce sont plusieurs chorales associées. Nous avons participé à quelques Choralies ça m’a permis d’aller avec le conseil à la rencontre d’autres chorales soit à Rimouski, à Ste-Anne-des-Monts. Comme j’étais pas riche bien que je voyageais aux frais de la chorale il fallait défrayer notre repas. Un jour j’avais apporté le peu qui me restait d’argent j’ai dû commander que le plat principal, pas de dessert c’est tout ce que j’ai mangé. Nous étions parties à cinq heures du matin pour ne revenir qu’à onze heures du soir.
Comme Conrad était dans sa période de « boudage » je ne l’ai pas averti que je partais pour la journée. Quand il s’est levé il s’est défoulé sur Constance, il ne voulait pas la voir dans les parages elle a dû rester la journée dans sa chambre sans manger étant donné que c’était un peu avant les fêtes il faisait froid et dans sa chambre renfermée dans sa robe de chambre la chaleur ne pouvait entrer et sans manger. Alors une fois arrivée moi aussi j’avais faim Constance et moi nous sommes préparé un lunch. Conrad nous regardait avec yeux mauvais mais n’a pas ajouté mot.
Un soir après un exercice de chant, la directrice nous convoque en assemblée et pour faire changement elle nous invite chez elle tout à l’opposé du village. Comme c’était à l’approche des fêtes, les Kirallah avaient commencé à faire leurs pâtisseries et ils les sortaient des fourneaux quand nous sommes arrivés. Après la réunion on nous a servi un verre de vin et avons goûté à leurs délicieuses pâtisseries enfin nous sommes partis vers deux heures de la nuit. Mais Conrad était à la maison et se faisait bien des suppositions et guettait mon retour. En partant de chez les Kirallah, Jacques Rioux qui était du conseil et passait par chez moi me dit : «Mme Des Rosiers venez profiter de ma voiture» qui était un camion, il me laisse alors chez moi. J’entre et Conrad m’apostrophe : « Tu ne me feras pas accroire que tu es allée à l’exercice de chant, tu reviens du coin en camion ». Je le regarde en riant et je lui dis tout simplement : « Oui je reviens de la chorale, sans plus d’explication et je vais me coucher ». Vous pensez qu’il a jonglé longtemps sur le sujet sans jamais m’en reparler.
Conrad avait pris Yves en aversion un jour il l’a « taloché » et il lui a dit qu’il était certain qu’il n’était pas son fils, le plus drôle c’est l’enfant qui lui ressemble le plus, vous dire que ça m’a fait mal c’est inutile. Il lui a dit quand il aurait dix-huit ans qu’il prendrait la porte mais il était plus fin que lui, il est parti pour le CEGEP de Matane il y est resté trois ans jusqu’à sa majorité ensuite il est parti pour Lévis où il a continué son CEGEP.
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