Pour garder la crème au frais nous avions la chance d’avoir une belle source près de l’étable. Conrad y a bâti une cabane (qu’on appelait cabane à l’eau) au-dessus avec des planches qui se lèvent et où nous pouvions y déposer les bidons de crème dans l’eau. Cette source emplissait un grand trou dans la terre qu’on appelait fontaine. Pour alimenter l’étable on prenait l’eau de la fontaine. L’hiver le trou guérissait (gelait) presque, certains matins il fallait agrandir le trou à la hache. Il fallait que j’aille aider le jeune engagé qui s’occupait des bêtes quand Conrad était aux chantiers.
Les éclaboussures d’eau autour de la fontaine rendaient la chose difficile, après plusieurs années je lui ai dit que c’était très difficile pour moi, il a décidé d’amener l’eau à l’étable. Comme la fontaine était sur un terrain beaucoup plus bas que l’étable, il a creusé mais en sortant de la fontaine c’était de la pierre bleue. Il a réussi à force de pioche et il a installé une pompe à l’étable. C’était une bonne chose mais un inconvénient s’était ajouté. Il fallait recharger la pompe parce que le tuyau se vidait dès que nous arrêtions de pomper c’est arrivé souvent que j’avais oublié de me faire une réserve d’eau pour le remplissage de la pompe alors fallait me rendre à la fontaine encore une autre fois encore et toujours mais tout de même les bêtes ont été bien abreuvées à cause de la pompe.
Tous les étés à la période sèche les sources qui alimentaient la fontaine étaient taries pour un certain temps. Alors, à ce moment-là, Conrad vidait la fontaine d’abord pour la nettoyer parce qu’il s’était accumulé de l’eau gâtée et ça sentait très mauvais et il y avait de la vase. Quand il était au fond du puits c’est moi qui remontais les chaudières pour les vider un peu plus loin. Bien entendu les enfants étaient nécessairement autour de nous. À un moment donné Alain, qui se tenait toujours plus près, a glissé et il est tombé dans la vase. Il ne sentait pas bon je vous assure. Pour remédier au problème de la vase, Conrad a fabriqué un genre de boîte qu’il a descendue dans le trou. La vase ne tombait plus dans la fontaine, et l’eau est redevenue claire et bonne, les truites aimaient s’y rendre puisque la source faisait un petit ruisseau jusqu’au petit lac. On y mettait les bidons de crème sur le carré de la source, ce qui fait que l’eau glacée conservait la crème.
Le lac gelait l’hiver, il a été rare de pouvoir patiner. . Cela ne veut pas dire que les lacs ne gelaient pas mais quand la glace prenait et qui ventait, ça faisait de la glace toute rugueuse ou quand le froid prenait en même temps que la neige c’était foutu pour le patin. Tout le temps que j’ai été près du lac, c’est arrivé une fois que la glace était comme une vitre. Des gens du village étaient venus avec plusieurs paires de patins. J’ai pu en chausser une paire, j’ai traversé le petit lac, je me suis rendue au grand lac, c’était très épeurant car nous voyons les poissons à travers la glace. Ça m’a pris un certain temps à m’habituer mais rendue au grand lac qui était plus creux je veux dire plus profond, nous avions une patinoire immense. Je suis revenue au petit lac, c’était très agréable. Vers la fin de l’après-midi, le temps s’était adouci et la glace était ramollie, les derniers qui ont laissé le lac enfonçaient dans la glace L’hiver, Conrad traversait sur le lac pour charroyer son bois, cheval et « sleigh ».
Mon père avait gagné un harmonium à un tirage quand il faisait parti de la troupe de théâtre. L’harmonium est resté chez mon père jusqu’au jour où ils ont acheté un piano pour Aline, c’est alors qu’il me l’a donné. Jeune, j’avais pratiqué sur l’harmonium sous la surveillance de Madame Adélard Leblanc pendant six mois, puis j’ai abandonné parce que pratiquer sur l’harmonium ce n’était pas agréable. Plusieurs années plus tard Léonard Fortin, frère à Ti-Pit, notre premier voisin vers le village (à l’est) voulait avoir l’harmonium, je lui ai vendu 25$.
Au Sarrois quand Conrad travaillait sur la ferme il était entouré de plusieurs de nos enfants surtout les aînés. Un jour où il avait à travailler au bout de la terre du Sud qui était à plus d’un mille de la maison, il avait amené avec lui Marc et Huguette. À la maison Alain alors âgé de trois ans les voit partir. Il aurait aimé les suivre mais Conrad lui a dit qu’il était trop petit. Après son départ, Alain est parti vers le haut de la terre comme il était petit la fatigue l’a gagné et il s’est arrêté près d’un tas de roches. En revenant Conrad a vu quelque chose de bizarre. Il a vu une tache rouge il s’est approché, c’était Alain endormi. Ouf!
Ça faisait quelques années que j’étais mariée quand nous avons eu l’électricité vers 1950. Ça été long pour l’avoir dans le Sarrois, le village l’avait déjà depuis plusieurs années. En plus celui qui installait dans les maisons était Viau Lévesque. Il avait beaucoup de contrats et prenait du temps à les exécuter. Il commençait le travail, revenait une semaine plus tard, il en faisait un p’tit bout et repartait. Rendu chez nous il a commencé à poser quelques lumières et il est reparti chez lui. C’est alors que Conrad qui l’avait aidé à faire le début de l’installation a continué, ce qui lui a permis d’installer plus que ce que le contrat donnait et de rendre l’électricité jusqu’à l’étable. Nous avons acheté une laveuse, une radio et un « centrifuge ».
Renée est née l’année du feu de la ville de Rimouski le 25 août 1950. Elle aussi n’a pas attendu le médecin, comme le Dr Leblanc était allé à une messe anniversaire d’une de ses sœurs à Lac des Aigles on a été obligé de faire monter de Rimouski le Dr Drapeau c’était le seul que je connaissais. Nous n’avions pas le téléphone Conrad a été chez le voisin et quand le Dr est arrivé, Renée était au monde. Maman attendait le médecin pour couper le cordon. Son parrain était mon frère Irénée et sa marraine, ma sœur Aline. Cette année-là, mon frère Norbert fut ordonné prêtre, soit six jours après la naissance de Renée. Maman a demandé au curé Harvey d’attendre pour que ce soit Norbert qui la baptise mais le curé n’a pas voulu. Ça se faisait pas attendre six ou sept jours. Maman a insisté, que le bébé était en santé, mais ce fut inutile…
L’été c’était chaud faire le lavage. J’en profitais ce jour-là pour faire du pain au moins je pouvais respirer un peu les autres jours. Avec l’ouvrage que Conrad avait je ne pouvais avoir beaucoup de temps libre l’été. Il y avait le jardin à sarcler et à s’occuper en plus de la traite des vaches et le quotidien de la maison.
Nous avons eu un été orageux cette année-là, pas très longtemps après avoir eu l’électricité. Conrad et les enfants étaient dans le hangar la pluie tombait à flots, tonnerre et éclairs se succédaient. Ils étaient tous dans la porte grande ouverte quand tout d’un coup le tonnerre éclate et ils voyaient le feu, le tonnerre était tombé dans la maison, dans la radio et la boîte de contrôle électrique. Conrad et moi pourtant pas peureux, aussi les enfants nous avons été secoués.
La vie n’a pas été toujours rose :
quand Alain a eu un choc
après que l’un de ses hommes
s’était électrocuté…
L’été je me faisais des conserves de fraises que j’allais cueillir dans les champs. Les bleuets et framboises nous les mangions en poudings. Je mettais du lard salé dans des jarres, on avait beaucoup de patates et des légumes aussi, mais les carottes, choux et navets devenaient mous pendant l’hiver, la cave était trop chaude à cause de la fournaise. Nous étions heureux quand les nouveaux légumes arrivaient l’été suivant, rhubarbe, salade, oignons, radis, fèves et tomates. À l’approche des Fêtes on tuait un cochon et un petit bœuf. Cela nous permettait de manger de la bonne viande. Aussi Conrad trouvait assez souvent à tuer un chevreuil au moins une fois par hiver et il était un spécialiste du jambon. Nous avions une « boucanerie » et Conrad savait doser la fumée. Pendant le temps du carême il préparait des jambons (dans ces cas, un jambon désignait un quartier de porc au complet) parfait pour le temps de Pâques. Et il en préparait un aussi pour le docteur Leblanc, il nous en achetait un à toutes les années.
Marc-André failli se faire écraser par le cheval. Après avoir installé une fourche à foin qui fonctionnait sur rails, il fallait un cheval pour tirer le câble pour monter le foin dans la grange. Marc-André qui conduisait le cheval se tenait à ses côtés quand il y avait une grosse fourchetée, c’était pesant et le cheval devait tirer. Un jour, la sangle sous le ventre du cheval avait été oubliée, le collier du cheval a remonté sur la gorge du cheval et l’a étouffé. Il est tombé à la renverse du côté de Marc-André quand il a vu venir le cheval sur lui, vif comme l’éclair, il a sauté la clôture et grimpé le button (expression pour dire la butte) avec une frousse bleue et le cheval est tombé sur le dos dans le fossé entre le chemin et la clôture. Marc devait avoir environ dix ans, les autres enfants ont crié. Alors Conrad a déclenché la fourche et le câble et le cheval a pu se relever, vous pensez bien après cet incident la sangle ne fût pas oubliée.
J’étais à repasser et Paule, trois ou quatre ans, sur une chaise était en avant de moi tout près du fer à repasser. À un moment donné le fer lui est tombé sur l’épaule et la peau est restée collée au fer. Ça lui a fait une cicatrice qui est encore présente.
Puisque les hivers au chantier n’étaient pas suffisants, il fallait que Conrad fasse du surplus autre que la culture de la terre. Conrad prenait des contrats de bûchage sur des lots des alentours. Levée à cinq heures c’était la traite des vaches, le petit déjeuner, ensuite je le conduisais à l’ouvrage avec une vieille voiture à cheval. En arrivant il fallait dételer le cheval, m’occuper de la maisonnée, ensuite faire à manger que je devais aller porter au bois. Conrad a toujours eu une petite jeunesse, soit dix ou douze ans, pour l’aider; lui, bûchait et le garçon écorçait les arbres abattus. Les journées étaient longues. Je leur préparais un lunch pour l’avant-midi, le dîner et un autre lunch pour l’après-midi. Ils arrivaient à la maison vers neuf heures. Après la toilette, c’était le lit, tous étaient fatigués. Le soir, je m’occupais de traire les vaches seules, passer le lait au centrifuge, soigner veaux et cochons. Mais surtout avant tout cela c’était aller chercher les vaches. Des fois elles étaient dans le haut du clos, ce qui veut dire assez loin de l’étable. Je montais à la course mais pour revenir fallait aller lentement, ne fallait pas faire courir les vaches, on disait que le lait ne descendait pas après. Aussi j’ai eu beaucoup d’aide de mes sœurs dès qu’Édèse et Marcelle furent assez grandes elles venaient passer les étés chez moi pour garder les petits parce que l’étable était assez loin de la maison je ne pouvais les laisser aussi longtemps seuls. Ça prenait des fois beaucoup de temps, Édèse et Marcelle ont beaucoup aidé aux foins, travaux ménagés, peinture, etc.
Conrad traversait le lac sur la glace pour bûcher du bois au nord du lac. Un jour, deux enfants se sont mis dans la tête d’aller trouver leur père. Heureusement c’était difficile à marcher. À un moment donné un enfant a perdu une botte et son bas. C’est alors qu’ils ont décidé de revenir mais il avait un pied nu. Ça n’a pas été chaud vous pensez bien qu’il y a eu pleurs. Conrad est arrivé avec une petite botte à la main.
Depuis longtemps je demandais à Conrad pour aller avec lui à la chasse. Les dimanches après-midi il se rendait avec son fusil dans le bois souvent il tuait un lièvre ou une perdrix il était un bon chasseur. Enfin j’ai réussi à me joindre à lui mais dans le bois, ça n’a pas été aussi drôle, il marchait vite parmi les « fardoches ». Je n’étais pas habituée, je me barrais les pieds et les branches me fouettaient le visage et les mouches me piquaient. J’étais épuisée à mon retour. Je ne l’ai plus jamais suivi à la chasse.
Ça débute avec Jocelyne qui à quinze jours a fait une pneumonie elle n’était pas grosse c’était triste quand elle essayait de respirer. Ensuite ce fut Marc-André qui faisait de la température très élevée dans ce temps-là il faisait des cauchemars et nous avions de la misère à le réveiller souvent quand je le lavais avec eau froide et alcool son père était obligé de le tenir ça s’est passé après quelques jours. Ce fut Alain après une rougeole qui était au mois de juin et il n’est pas resté à l’intérieur de la maison, de toute façon je ne savais pas que pendant cette maladie il fallait garder les enfants à la noirceur ce qui en résultat qu’il a failli perdre la vue. Plus tard ce fut les otites de Paule, elle en a eues plusieurs, elle en a passées des nuits à pleurer quand un peu plus grande en allant cueillir des framboises elle avait un contenant de verre qu’elle a cassé elle s’est sectionné le tendon du majeur de la main droite.
Le temps a passé et quand Marc-André fut plus vieux qu’il aidait à son père il écorçait de la pulpe, il s’est épuisé et ses poumons ont eu une tache il a fallu le garder au repos c’était difficile. On a su pour la tache parce que dans ce temps il y avait une roulotte de dépistage de la tuberculose, qui se promenait dans tous les villages. Après ce fut Renée-Aline qui a fait un mal de ventre après une couple de jours, elle ne se dépliait plus, elle était recroquevillée fallait la transporter dans nos bras. C’est alors que nous avons été voir un médecin c’était une appendicite aigue. Elle fut hospitalisée un mois avec des drains.
Aussi quelques années plus tard ce fut Louis qui fit une appendicite, il fut opéré d’urgence le soir même que nous avons été voir le médecin. Plus tard Norbert saute sur une boîte de fer blanc. Il se coupe au talon, le Dr Leblanc est venu lui coudre le talon.
Quand Huguette enseignait elle a fait une rubéole, ce fut grave elle continuait d’aller à sa classe, parce que dans le temps il n’y avait pas de suppléante pour remplacer les institutrices. C’était en février quand elle sortait pour se rendre à sa classe. Elle a été prise de rhumatisme causé par sa rubéole.
On était pas toujours rendu chez le médecin fallait se soigner soi-même Paule n’a jamais eu d’antibiotique et quand elle s’est estropiée avec du verre cassé, ça pris du temps à guérir il aurait fallu faire coudre sa main. Je les soignais du mieux que je pouvais. J’avais été élevée à me débrouiller et à endurer lorsque nous étions malade. Ça l’air terrible mais j’ai été chanceuse de ne pas avoir eu d’infirme ou des enfants malades que l’on doit les faire les voyager vers Montréal pour des soins spéciaux.
Nous avions un beau cheval noir, nommé Black docile et vaillant. Il trottinait tout le temps il avait de grosses pattes poilues et pour labourer c’est lui que l’on plaçait sur le planche du côté du sol non retourné, c’était la place la plus difficile pour les chevaux. En labourant il est tombé mort. Il avait le « souffle », depuis quelques années, c’est comme cela que l’on appelait les maladies de poumons des chevaux. Il a été regretté. Je me souviens qu’on l’avait brûlé, comme les autres animaux qui mouraient subitement.
Conrad est allé chercher une belle jument à Mont-Joli mais elle était rétive sur certains instruments elle ne voulait pas avancer. C’était le seul cheval pour faire mes commissions. Une fois je l’ai attelée et je n’ai pu la sortir de l’étable elle se collait la tête après l’encadrement pas moyen de la faire avancer. J’étais démunie parce qu’il y avait deux milles pour se rendre à l’église et environ un demi mille de plus pour la coopérative, notre magasin général. Conrad était aux chantiers quand il est arrivé la jument a eu affaire à sortir, quand elle s’est rebellée, il a eu le tour de la dompter, avant qu’il arrive on aurait dit qu’elle savait qu’elle avait affaire à une femme. Une couple d’années plus tard il la faite pouliner. Quand le poulain fut dompté on avait trois chevaux, la richesse quoi!
C’est après que nous avons acquis un tracteur et des instruments pour faciliter la culture. Un cheval était attelé au râteau, l’autre à la fourche à foin, le tracteur pour les autres travaux tel que fauchage, labourage et le transport des voyages de foin. Aussi nous avons acheté une « waguine » avec roues de caoutchouc comme une automobile c’était le grand luxe. Quand nous achetions quelque chose c’est les allocations familiales qui payaient tout cela. On arrangeait nos finances en rapport aux allocations car les revenus de la terre n’étaient pas suffisants.
Alain était bien petit. J’étais allée à la cave et, pour cela, il y avait une trappe en bois franc, c’était pesant. Aussitôt monté Alain a poussé la trappe pour la refermer mais son petit pied était trop prêt alors il a perdu sa petite orteil droite, elle pendait par un petit bout de peau, alors j’ai coupé ce bout de peau avec des ciseaux. Vous allez dire que j’avais le cœur dur mais ça m’a fait mal peut-être plus qu’à lui quand j’y repense, j’en ai encore les jambes molles.
Elle est née le 28 juin 1952, même journée que la naissance d’Huguette, belle petite noire vigoureuse, elle l’est toujours, son parrain était mes frères et sœur Norbert et Lisette. D’ailleurs c’est Norbert qui l’a baptisée.
La couverture de la grange avait besoin d’être refaite Conrad avec les enfants s’y donnaient à grand coup de marteau pour poser du bardeau seulement les aînés lui aidaient. Ils étaient à l’aise et marchaient sur la couverture. C’est alors que j’ai eu l’idée de grimper à l’échelle. Rendue au bout, c’était pas bien haut, mais le vertige me prend impossible d’aller plus loin ni de redescendre. Conrad a dû passer par-dessus moi et me diriger une marche à la fois. Je ne suis jamais remontée dans une échelle.
Au temps que l’on voulait aller vers un monde meilleur parce que la famille augmentait en nombre et la terre ne suffisait pas. On avait eu de la publicité pour la colonisation de l’Abitibi. D’après les publicités, ça aurait été merveilleux que toute la famille pouvait se trouver enrichit mais il y avait un « mais ». Parmi les publicités il y avait un livre avec photos, d’après nous ça ne paraissait pas terrible, le gouvernement payait pour nous déménager, une fois rendu si c’était pas de notre goût fallait rester faute d’argent pour revenir. On montait par train et là on nous installait sur un lot. Mais Conrad était septique il s’est dit je partirai pas armes, bagages et famille avant de voir le réel. C’est alors qu’il est parti avec de l’argent pour revenir, le lot qui lui était destiné était au bout d’un rang il y avait une rivière qui coupait le chemin une grosse rivière. Une maison de planches recouvertes de papier brique nouvellement bâtie pas de cloison pas de « solage ». Aucune dépendance, à une centaine de pieds de la maison il y avait un vieux camp de bûcherons écrasé. Les voisins étaient loin, ça annonçait la misère, Conrad est revenu en disant qu’il était monté avec des familles et leurs ménages. Ils étaient obligés de rester là-bas, ils n’avaient pas d’argent pour revenir. Les familles qui sont montées avec lui étaient obligées de demeurer chez le marchand en attendant que leurs maisons soient habitables. Conrad a eu du flair. Quelques années après il a fait un infarctus. Plus tard j’ai vu à la télésérie « Blanche » ça montrait la dure réalité sur la colonisation en Abitibi.
Sur les journaux il se faisait une publicité monstre pour qui pouvait construire un poulailler et produire œufs et poulets. Conrad a fait application aussi nous avons reçu des plants pour nous établir à Hauterive mais là ça prenait une certaine somme bien entendu comme c’était un temps où les terres ne se vendaient pas beaucoup nous avons dû y renoncer.
Louis est né le 20 février 1954. Gros bébé de dix livres vigoureux comme pas un. Son parrain Aurèle et sa marraine, Gisèle Fortin, il avait plut pendant une semaine il y avait de la glace partout. Il a fallu prendre un «snow» pour aller au baptême.
Pendant l’été 1954, il faisait une chaleur torride pas de vent. Conrad faisait du bois au nord du lac Pointu. Il était avec Marc-André qui écorçait le bois que son père bûchait, de l’autre côté du lac. Pour s’y rendre il passait par la terre des Sirois nos voisins. Ça prenait donc plus de temps. Cet après-midi là, j’allume le poêle pour faire des tartes pour mes hommes qui travaillaient dur. La cheminée se met à flamber. Des voisins viennent pour éteindre le feu. Entre temps, Huguette était partie à la course pour aller chercher son père.
La flamme s’est atténuée dans la cheminée. Les voisins s’en sont allés chez eux. Étant donné qu’il faisait très beau soleil on ne voyait pas les étincelles qui sortaient toujours et ce qui se passait quand elles tombaient sur les bardeaux de bois qui étaient vieux et secs. Ce fut une course folle, quand Conrad est arrivé, le feu prenait de place en place sur le toit. Même qu’une place il y avait un trou de vingt pouces de brûlé, traversé de bord en bord. Avec une hache, Conrad a agrandi le trou pour pouvoir arroser parce qu’il n’avait ni échelle ni boyau d’arrosage. Il fallait pomper une chaudière d’eau et la monter au grenier. Huguette était fatiguée mais la chance était de notre côté, Conrad a réussi à éteindre le feu. Il a fallu refaire le toit mais la maison était sauvée.
Ça n’a pas été toujours rose souvent on n’avait pas d’argent. Un jour on nous menace de nous couper l’électricité même si nous n’avions pas beaucoup d’appareils électriques, on avait la pompe et la lessiveuse. C’est alors que j’ai crié au secours auprès de mon frère Norbert qui était aumônier à la polyvalente des Trois-Pistoles. C’est arrivé quelques fois que j’ai eu recours à Norbert, il a toujours été généreux, il nous a dépannés bien souvent.
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